La distanciation en art-thérapie, ça semble presque antinomique mais c’est essentiel, indispensable. Il s’agit de se mettre à distance des récits de vies, quelqu’en ait été la dureté et les évènements relatés dramatiques, bien qu’en tant que thérapeutes nous travaillons avec notre empathie. Ressentir ce que ressent l’autre, tout en sachant qu’il ne s’agit pas de nous, et que ce que nous percevons nous sert comme outils de travail pour aider l’autre à dépasser et résoudre sa difficulté présente. Cette distanciation est parfois dure à tenir, lorsque les récits des patients sont similaires à une partie de nos souffrances passées, et c’est bien parce que nous les avons vécues, que nous sommes en capacité d’aider notre alter ego. Non seulement nous devons tenir la distance mais aussi le cadre. Forcement certaine histoires et situations sont révoltantes, touchantes, nous poursuivent et peuvent nous faire perdre la distance, mais ce n’est que temporaire. Et puis en début de carrière les premiers patients sont marquants, nous touchent et nous accompagnent tout au long de nos vies de thérapeutes. C’est bien à cause de cette distance nécéssaire entre patient et thérapeute qu’on ne peut pas traiter les membres de nos familles. Nous n’avons pas le recul nécessaire. Et enfin c’est grâce à elle aussi que nous pouvons faire ce métier sans emporter vos histoires dans nos histoires. Cette distanciation à tenir est parfois ténue, mais c’est elle qui rend votre thérapeute compétent et pertinent, qui lui permet d’analyser, de vous aider à réfléchir, comprendre et enfin résoudre.
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